Comité des Martyrs de Tulle

Les Martyrs complet

Source : Le massacre de Tulle | Antoine Soulier

1Charles Albert, né le 5 novembre 1914, à Camba­rel de Meyssac (Corrèze). 1,78 m, châtain.
Secrétaire des services agricoles, à Tulle, depuis trois ans, 21, avenue de la Gare. Marié sans enfant. Il avait accompli deux ans de service militaire au 150e d’infanterie. Caporal-chef, fait prisonnier à Coudun (Aisne), le 9 juin 1940, il fut libéré le 21 juillet 1941, appartenant au service sanitaire.
Le 9 juin 1944, il a ouvert lui-même la porte aux Alle­mands, à 8 heures, il a été emmené pour vérification de pa­piers.
2Léon Armand, né le 3 avril 1911, à Neuvic (Cor­rèze), 1,70 m, brun.
Il avait passé son enfance à Paris, jusqu’à 19 ans. Venu à Tulle il avait toujours travaillé à la maison Maugein Frères, où il était luthier accordeur, ouvrier d’élite spécialisé. Le matin du 9 juin, il était dans son jardin lorsque les Allemands arrivent au no 51, à Roussolles, demandent les hommes pour vérification des papiers. Il descend… « Prenez votre veste… » Il part, laissant deux enfants, 6 et 3 ans, et une femme en­ceinte.
3Camille Ballet, né le 5 septembre 1905, à Saint-Hilaire-Foissac (Corrèze). 1,75 m, châtain grisonnant. Il avait accompli dix-huit mois de services militaires au 181e d’artillerie lourde à tracteurs. Représentant à l’ « Essor Economique » de Tulle depuis huit ans, il était domicilié avenue de la Gare. Il a été pris à 8 heures, chez lui, pour vérifications de papiers. Il laisse une veuve et un enfant né cinq jours après son supplice.

Beaufils André, né le 12 décembre 1917, à Toul-Sainte-Croix (Creuse). 1,74 m.

Il avait accompli son service militaire au 60e d’infanterie, à Besançon, et, sans être libéré, en 1939, était parti au front dans l’Est. Il se battit jusque dans la Somme où, le 6 juin 1940, une balle lui traversa la tête. Il fut libéré en août 1940. Marié depuis quatre ans à peine avec une employée du gaz,
il était coiffeur à Souilhac, domicilié, 33, rue du Docteur Valette.
Le 8 juin, au soir, les Allemands arrivent, prennent son logement, exigent que Mme Beaufils leur fasse la cuisine.
Le lendemain matin, il est invité à aller faire vérifier ses papiers.
« Il n’y a rien à craindre, vous êtes en règle… » Et le soir même, à leur retour, les bandits annoncent à la malheureuse veuve : « Votre mari ne reviendra plus, les bons ont payé pour les mauvais… »
Eux-mêmes, pour compléter, ils ont pillé la maison.

Victor-Antoine Blanchard, né le 24 avril 1907, à Pont-Salomon (Haute-Loire). 1 m 68.

Apprenti aux aciéries Holtzer, à Firminy, il était revenu avec ses parents, à Saint-Étienne, exerçant la profession d’ar­murier.
Il avait accompli dix-huit mois de services militaires à Auxonne, au er R.A.D. Mobilisé en 1939 au 116e R.A.L., il fut rappelé comme fraiseur en mai 1940. Requis à la M.A.T. depuis novembre 1943, il était domicilié 67, av. Victor-Hugo.
Marié, divorcé, il avait la garde de son garçon de 13 ans. À 8 heures, les Allemands sont venus, il s’est levé, est des­cendu dans la cour, a rejoint dans la rue un groupe d’une centaine d’hommes de l’avenue.

Victor-Antoine Blanchard, né le 24 avril 1907, à Pont-Salomon (Haute-Loire). 1 m 68.

Apprenti aux aciéries Holtzer, à Firminy, il était revenu avec ses parents, à Saint-Étienne, exerçant la profession d’ar­murier.
Il avait accompli dix-huit mois de services militaires à Auxonne, au er R.A.D. Mobilisé en 1939 au 116e R.A.L., il fut rappelé comme fraiseur en mai 1940. Requis à la M.A.T. depuis novembre 1943, il était domicilié 67, av. Victor-Hugo.
Marié, divorcé, il avait la garde de son garçon de 13 ans. À 8 heures, les Allemands sont venus, il s’est levé, est des­cendu dans la cour, a rejoint dans la rue un groupe d’une centaine d’hommes de l’avenue.

Paul Blondel, né le 27 mars 1921, à Brive. 1,70 m, brun.

Il était le fils d’un employé du Gaz de la ville. Après une année d’études à l’École industrielle, il rentrait en apprentis­sage comme serrurier, restant huit ans chez le même patron.
Après huit mois de Chantiers de Jeunesse, au groupe 24, à Lodève. il était requis à la M.A.T. en qualité d’affûteur. Marié, un enfant, 1 an et demi, il était domicilié impasse du Cautun.
À 6 heures, il était au lit ; les Allemands sont venus ; « Dépêchez-vous. » Il n’a pu embrasser sa petite au berceau… Un soldat a déclaré : « Moi, je n’ai pas embrassé les miens depuis longtemps. »

Yves Boissier, né le 28 juin 1920, au Mans (Sar­the). 1,78 m, blond.

Il était le fils aîné du propriétaire des Magasins de con­fection du Louvre. Élève des Beaux-Arts.
Après quelques mois de Chantiers de Jeunesse à Châtel-Guyon, il était requis à la Marque. À 7 h 30, les Allemands ont frappé à la porte. M. Ligeois a ouvert. Tous les hommes de la maison s’étaient préparés, avaient garni des musettes de provisions. L’Allemand a dit : « Pas besoin, serez revenus dans une demi-heure. »
Ils ont rejoint, au pont de la Mairie, un groupe de plu­sieurs centaines.

Jean Bonjour, né le 16 mars 1909, à Moulins. 1m 70, brun frisé.

À 15 ans, orphelin de père et de mère, il était parti dans le Pas-de-Calais, où il était secrétaire employé au Sanatorium de Berck-Plage (Institut Calot). Soldat, mobilisé en 1939, venu à Tulle en juin 1940, il était employé à liIntendance.
Domicilié 57, avenue Victor-Hugo, fiancé à une jeune fille de Tulle, il laisse un bébé de un jour.
Il a été pris, le matin à 6 heures, dans son lit, pour « vérification de papiers ».

Georges Bonnet, né le 12 janvier 1920, à Rancon (Haute-Vienne). 1,72 m.

Il était l’enfant unique d’une directrice d’école, qui exerça pendant vingt-huit ans à Rancon ; son père tenait un salon de coiffure. Après de brillantes études au lycée Gay-Lussac, à Limo­ges, puis au lycée Saint-Louis, à Paris et en 1939-1940 au lycée Montaigne, à Bordeaux, il était admis en 1940 au con­cours de l’Institut National Agronomique. Il sortit de l’école avec le no 13, ce qui lui permit d’opter pour le Génie Rural (Maroc). Après un an d’études à l’École Supérieure du Génie Rural à Paris, il fut envoyé par le ministre de !’Agriculture dans notre ville, pour faire un stage chez M. Martel, directeur du Génie Rural.
Célibataire, il était domicilié 20, rue Pauphile. Il a été arrêté vers 10 heures ; il s’est présenté lui-même aux Alle­mands.
Au dernier moment, il a écrit ces mots remis à l’abbé Espinasse : Je meurs innocent. Mes dernières pensées sont pour vous. Je vous embrasse une dernière fois et je vous demande d’être aussi courageux que je l’ai été moi-même en mourant. Je vous embrasse vous et tous les miens. « Georges »
Voici un fragment de la lettre de son ancien directeur :
Je sais quelle perte vous faites ; j’ajoute quelle perte nous faisons tous. Votre fils laissait espérer de brillants ser­vices… Intelligent et travailleur, ses succès lui assuraient un bel avenir dans la carrière que, par goût, il avait choisie et qu’il comptait poursuivre dans le cadre souriant de notre pro­tectorat du Maroc.
Pendant son année à l’école, il avait vraiment travaillé dans la joie parce qu’il s’intéressait à des études parfaite­ment adaptées à ses goûts et à ses aptitudes et parce qu’il sentait tout le bien qu’elles lui permettaient de faire à son pays.
À ses qualités intellectuelles, il joignait de solides qua­lités morales ; son regard clair et confiant gagnait d’emblée la sympathie, en même temps que son abord toujours sou­riant décelait une bienveillance spontanée.
Qui eût pu penser que ce charmant garçon, qui, en dehors de son travail n’avait d’autres préoccupations que celles ayant trait à l’éducation physique et aux sports, devait un jour trouver une mort aussi tragique dans des conjectures auxquelles il était parfaitement étranger.

Léon-Robert Bossavy, né le 12 octobre 1915, à Saint-Yrieix (Haute-Vienne). 1,72 m, visage ovale, teint mat. Il était le fils du président de la Chambre de Métiers de la Corrèze. Marié sans enfant. Il avait fait son service militaire de 1936 à 1940 et tra­vaillait avec son père, miroitier, s’occupant particulièrement des glaces pour autos. Depuis 1942, il était chef d’équipe au parc des Gravan­ches, à Montferrand. Venu en permission de dix jours, à l’occasion de la Pentecôte, il devait repartir le 6 juin, mais les communications étaient coupées. . Le 9 juin, il se trouvait dans l’atelier avec son père. Il dit : « Je ne sais pas si je ferai bien de me cacher. .. Mais pourquoi ? Je suis en règle. » Les Allemands arrivent… il les suit.
Pierre-Élie Bouchetel, né le 7 mai 1915, à Sainte-Fortunade (Corrèze). 1 m 57, châtain foncé, marié sans enfant, domicilié 10, rue du Canton. Il a fait la campagne 1939-1940 dans l’Est ; prisonnier, il fut libéré, appartenant au service sanitaire. Infirmier à l’hôpital Villejuif, il s’était retiré à Tulle en février 1943 et était employé à la défense passive, atelier Z1, près de la Gibrande. À 8 heures, les Allemands ont frappé à coups de crosse… « Suivez-nous. » Les hommes sont rassemblés sur la place du Canton. À la Manufacture, il s’est présenté à l’appel des employés : « Vous n’êtes pas de la mairie. » Avant son supplice, il a laissé un mot : « Soyez fortes, je vous aime : adieu maman, Rosette (sa femme), mémé. »
François Bourg, né le 13 décembre 1913, à La­garde-Enval (Corrèze). 1,66 m, châtain. II avait fait son service militaire au 92e R.I. à Clermont-Ferrand. Mobilisé au même régiment en 1939, il avait été fait prisonnier dans l’Est en juin 1940. En septembre 1942, il fut rapatrié comme malade et, après une longue convalescence, entra comme gardien à la Manufacture d’Armes de Tulle. Le 8 juin, il passa la nuit dans la cave, à cause des bom­bardements. Le lendemain, vers 9 heures, les Allemands ont défoncé la porte du café tenu par sa sœur, 68, avenue Victor-Hugo, où il logeait ; ont pillé la cave et rassemblé une soixantaine d’hommes dans la rue. Les femmes pleuraient.
Albert Bouyssoux, né le 5 avril 1925, à Saint-Martial-de-Gimel (Corrèze). 1,70 m, châtain foncé. Élève à l’École Nationale Professionnelle d’Égletons, il est entré à la Marque en août 1942 comme tourneur-ajusteur. Célibataire, domicilié boulevard Joffre, il a été pris à 6 heures, étant au lit, pour « vérification de papiers ».
Roger Briat, né le 14 avril 1923, à Bassignac-le-Bas. 1 m 80, châtain clair. Était le fils· d’un radio-électricien de Paris. Revenu dans la région avec sa mère, il fit deux ans d’études à l’École industrielle de Brive. Après huit mois de Chantiers de Jeunesse à Châtel-Guyon, il fut requis à la Marque, le 1eravril 1944, et conti­nuait à suivre des cours par correspondance. Célibataire, domicilié rue du Pont-Neuf, il a été pris à 6 heures, au lit. Sa mère lui a crié : « Roger, lève-toi », et elle s’est cramponnée au bras de !’Allemand en pleurant… « Madame, va revenir de suite… » Son frère devait être fusillé le 18 juin, à Orgnac, après deux jours de tortures.
Maurice-Roger Broustassoux, né le 3 décem­bre 1907, à Clichy-la-Garenne (Seine), 1,72 m, brun. Domicilié 23, rue Marbot, près de trois enfants (11, 6 et 3 ans). Il était employé à l’épicerie Jonquet. Il avait fait dix-huit mois de services militaires dans l’infanterie, à Brive et à Dijon. Mobilisé en 1939 à Clermont-Ferrand, il était réformé après deux mois. À 7 heures, les Allemands sont rentrés : « Homme venir, voir papiers… » À la femme en pleurs : « Sera revenu dans une heure » ; ils ont emmené un homme malade, atteint d’une crise de foie qui l’avait cloué au lit toute la semaine.
Julien-Jean-Louis Brudieux, né le 16 juillet 1908, à Orliac-de-Bar (Corrèze). 1,74 m, blond rasé. Il était installé coiffeur au passage à niveau à la gare de Tulle, domicilié 23, rue Marbot, marié sans enfant. Il avait fait la campagne 1939-1940. Prisonnier, il avait été libéré, appartenant au service sanitaire. À 11 heures, se trouvait chez lui. Il a vu passer un groupe de voisins conduits par les Allemands pour « vérifications de papiers » ; il est allé se joindre à eux.
Alexandre Buchmuller (dit «Lambert»), né le 1er décembre 1919, à Bonn (Allemagne). Ses parents étaient restaurateurs en Lorraine. En 1939, Il fut appelé au 5e génie à Versailles ; refoulé sur Poitiers, Il fut fait prisonnier pendant trois mois, puis contraint de faire l’interprète. Libéré avec les Alsaciens-Lorrains, il opta pour la France et s’engagea dans le 13e B.C.A., à Chambéry, sous un nom d emprunt. II fut licencié en décembre 1942. Il vint à Tulle où il était trempeur à la Marque. Il était fiancé à une commerçante de la ville, 84, avenue Victor-Hugo. À 9 heures, il vit les Allemands qui emmenaient des voisins ; il a rejoint volontairement ses camarades.
Benjamin-François Buzy, né le 4 juillet 1916, à Tulle. 1 m 80, blond. Célibataire, domicilié 16, rue de la Barussie, il était polis­seur chez Maugein frères, accordéons. À été pris dans une cave de l’hôpital où il s’était mis à l’abri avec plusieurs voisins.
Maurice Caquot, né le 23 juillet 1907, à Tulle. 1,70 m, très brun, cheveux très noirs. Était le plus jeune fils d’un entrepreneur de menuiserie, à Roussolles. Marié sans enfant, domicilié 20, rue Pauphile, il était courtier en bois. Du service auxiliaire, il avait été mobilisé en 1939 au 16< R.A.D. Il avait passé la nuit aux côtés de son père de 80 ans… inquiet… À 7 heures, il était au lit. Les Allemands sont venus… On perquisitionne… On lui fait signe de sortir. Il est parti sans déjeuner, à peine habillé : « J’y suis bien pour la journée, ne vous inquiétez pas. » À sa sœur qui pleurait sur le seuil, un Allemand, du milieu de la rue, a crié : « Vous n’avez pas besoin de pleurer ; on ne va pas les bouffer vos hommes. »
Georges-Sébastien Cazin, né. le 18 mai 1902, à Bourges. 1,73 m, grisonnant, ondulé. Fils d’un contremaître à l’atelier de construction de Bour­ges ; il avait fait des études jusqu’à 16 ans et était entré comme apprenti ajusteur à l’atelier de construction. Il avait fait dix-mois de services militaires à Épinal, dans une section de B.O.A. Reçu, plus tard, sous-ingénieur à l’École pyrotechnique de Bourges, puis ingénieur des travaux d’armement en 1939, il avait le grade de capitaine. Muté à Tulle, le 15 mai 1943, il était domicilié rue du 4-Septembre. Marié, père d’un enfant de huit ans.
Fourtuné Chagnard, né le 14 janvier 1918, à Nice. 1,71 m, brun. Était le fils d’un ingénieur des Mines à Arlod, par Belle­garde. Il avait fait de bonnes études, titulaire du brevet supé­rieur, il fut incorporé le 4 février 1936 et resta dans l’armée jusqu’en février 1943, à la 272e batterie du 405e R.D.C.A., où il obtint les galons de maréchal-des-logis. Il était chef d’équipe à l’usine de la Marque, célibataire, domicilié 12, avenue de la Gare. Il a été arrêté vers 11 heures, à son domicile. Les Allemands lui ont déclaré que c’était un contrôle d’identité pouvant durer un jour ou deux et qu’il fallait se munir de vivres et de couvertures.
Antoine Chalaux, né le 25 mai 1917, à Cham­boulive. Célibataire, jardinier au Bos-Bas, depuis 14 ans ; il vivait seul avec sa mère, âgée de 75 ans. Il avait fait la dernière guerre ; prisonnier dans une ferme, il s’était évadé depuis trois ans, et avait toujours dit : « Ils ne m’auront plus. » À 8 heures, il était en train de traire, lorsque les Alle­mands sont venus par le pré. Il est parti sans papiers, est revenu les chercher, ne s’est pas sauvé. À sa vieille mère qui demandait : « Que lui voulez-vous à mon fils ? » : « On vous le rendra. »
Albert-Daniel Chastagnol, né le 14 avril 1924, à Tulle. 1 m 80, châtain foncé. Était le troisième fils d’une famille de cinq enfants : Chastagnol, ébéniste, au pont de la Passerelle. Célibataire, il travaillait avec son père à l’atelier familial et depuis sept mois avait été requis à la M.A.T. Il a été pris à 8 heures, assis dans la cuisine. À la mère qui pleurait, !’Allemand a dit : « Pleurez pas, on fera rien, madame… »
Roger-Georges Chichard, né le 15 février 1911 ; à Aulnoy-sous-Bois (Seine). 1,73 m, blond. Il était chef comptable à la maison Mayer (pelleteries). Il avait fait la guerre 1939-1940 au 402e pionniers, sur la ligne Maginot. Prisonnier le 20 juin 1940, interné au Stalag V-B, à Stuttgart, il s’évada en septembre 1941, à travers la Suisse, et se fixa en Corrèze. Il était chef comptable au grou­pement de répartition des viandes. Marié, un enfant de 11 ans, il était domicilié rue du Fossé. À 7 heures, il quitta sa chambre, alla sur le quai, où il fut pris par les Allemands.
Louis Chieze (dit Loulou), né le 7 janvier 1918, à Tulle. 1,66 m, châtain. Était le plus jeune des cinq enfants d’un officier d’artil­lerie décédé en 1930. Coiffeur, rue Jean-Jaurès, célibataire, il vivait avec sa mère, âgée de 65 ans, 14, quai de la République. Il avait fait son service militaire à la 13e section de C.O.A., puis réformé après quatorze mois. Le 8 juin, il était parti chez son frère, au 52 de l’avenue Victor-Hugo. Le 9, à 8 heures et demie, les Allemands sont venus : « Suivez-nous_. » À la mère inquiète : « Madame, soyez tranquille, tout simplement, révision de papiers. » Elle logeait Juste au-dessus de l’Office de Placement allemand.
Paul-Marie-François Communier, né le 22 oc­tobre 1925, à Paris (15), 1 m 64, châtain ondulé. Était le fils du directeur général du laboratoire Prodent. Élève de l’école Briquet et de l’école centrale de T.S.F., Il fut requis au service civique rural à Ceyrat (Corrèze), en novembre 1943, puis il entra au chemin de fer à Brive en qualité d’électricien. Célibataire, il habitait chez son oncle, 29, rue Bon Accueil. Revenant de Paris, de voir ses parents, 11 arriva jusqu’à Ussel et contraint de rentrer à Brive à pied. Dans la nuit du 8 au 9 juin, il coucha chez son cousin (G.M.R.), 53, avenue de Paris, à Tulle, et le 9 au matin fut arrêté en ville, entre 7 et 8 heures, au moment où il avait repris sa route.
Marcel-André Coutechier, né le 2 février 1906, à Dôle. Brun, front dégagé. Il avait fait son service militaire au 6e cuirassiers et dix-huit mois d’occupation dans la région de Trèves. En 1939, il fut mobilisé au 1er génie, à Besançon, fit campagne en Alsace, dans la Somme, où il fut blessé à l’épaule, obtint une citation, la médaille militaire, fut évacué sur Chabrignac (Corrèze) et libéré à Tulle, fin décembre 1940. Chef mouleur dans une fon­derie du Jura (maison Audemard), puis dans une entreprise ferroviaire, il fut requis à la M.A.T. comme régleur. Sa fa­mille le rejoint en mars 1941 ; marié, deux enfants (11 ans et 9 ans), il était domicilié 27, rue du Tir. Les Allemands sont venus le prendre au lit, le matin, à 6 heures. À sa femme, qui comprenait l’allemand, ils ont déclaré, dans un ton conci­liant : « Ce n’est qu’une vérification de papiers ; ce soir, au plus tard, il sera là. »
Raymond Cueille, né le 6 juin 1917, à Tulle. 1,78 m blond. Il avait fait son service militaire dans l’Est, au 19e G.R.A. Propriétaire exploitant à Saquet-Bas, il était marié, père d’un enfant de onze mois. À 5 h 45, les Allemands ont frappé à la porte. Mme Cueille a ouvert : « Habillez-vous, suivez-nous. » -« J’ai un petit bébé. » -M. Cueille s’est présenté. « Venir. .. voir papiers. »
Jean-Simon Curabet, né le 15 mars 1926, à Pa­ris (11<). Il était le fils unique d’un agent de police en retraite, retiré à Saint-Mexant. Il avait été élève du lycée Henri-IV, à Paris, puis du lycée de Tulle. Il était entré à la M.A.T. comme apprenti. Le 9 juin au matin, il se rendit à bicyclette au Coupart, voir un camarade pour s’informer de la reprise du travail. Son camarade étant absent, il fit demi-tour et fut arrêté sur la route, à Cerice.
Marcel Demaux, né le 3 février 1914, à Le Don­zeil (Creuse).1,72 m, noir ondulé. Son père était mort des suites de la guerre 1914-1918. Il avait fait ses études au lycée de Guéret puis à la faculté de Clermont et à celle de Bordeaux. Licencié en philosophie, il avait enseigné à Guéret, à Aurillac (1942-1943) et à Tulle, depuis 1943. Mobilisé en 1939, dans l’infanterie, à Montluçon, il avait combattu sur la Loire et avait été démobilisé en juillet 1940. Marié à un professeur d’allemand du lycée de Guéret, il avait un enfant de 4 ans. Il a été pris au Balcon, chez un ami, à 6 heures, pour « vérification de papiers ». Il fut choisi l’un des derniers pour le supplice (peut-être même le dernier), après avoir été plusieurs fois et longue­ment interrogé.
Louis Druliole, né le 19 mars 1908, à Tulle. 1,70 m, brun. Ancien apprenti de la M.A.T., il était devenu moniteur aux apprentis. Marié, père de deux enfants (7 et 6 ans), il était domi­cilié à Reygnac. À 7 heures, les Allemands sont venus. Sa femme a ou­vert : « Voir papiers ». Il est parti avec trois autres hommes de la maison.
Jean Dumaitre, né le 12 octobre 1925, à Tulle. 1,75 m, brun frisé. Il était le petit-fils de M. Lafaye, soudure autogène, rue d’Épierré, no 8. Élève au lycée de Tulle, il avait passé l’examen du baccalauréat le 31 mai, et le 1er juin, se préparait à repartir chez ses parents, à Périgueux. À 8 heures, deux Allemands rentrent chez le grand-père pour « contrôle papiers ». Les enfants étaient couchés ; on les appelle. Ils se lèvent rapidement pour prendre leurs ha­bits. Au bruit des pas, un soldat lève son arme, vise et tire. Le coup est dévié par la grand-mère, et la balle traverse le plancher.
Maurice-André Farge, né le 24 août 1912, à Tulle. 1,70 m, châtain. Il avait fait un an de services militaires au 12e escadron du train et avait été mobilisé à la 554e Cie sanitaire, dans l’Est. Démobilisé en août 1940. Mécanicien-électricien pour l’équi­pement des voitures, il avait été requis à la M.A.T. depuis un an. Marié, deux enfants (4 ans et quinze mois), il était domi­cilié 14 bis, rue du Docteur-Valette. Les Allemands sont venus, à minuit, l’ont mis au mur, les bras levés, et ont fouillé la maison. Le lendemain, à 7 heures, ils sont revenus pour « véri­fier les papiers ». Il a rejoint un groupe sur le trottoir.
Pierre-Charles Faurie, né le 2 novembre 1921, à Sainte-Fortunade. 1,72 m, blond. Ses parents tenaient un restaurant à Clermont-Ferrand. Il avait été élevé chez ses grands-parents, à Sainte-Fortunade. Il avait fait huit mois de Chantiers de Jeunesse à Saint-Pons (Hérault). Électricien, il avait été requis à la M.A.T. depuis novembre 1943. Marié, sans enfant, il habitait no 8, cité Cazeau. À 6 heures, on a donné des coups de crosse à la porte. Les S.S. étaient pressés ; ils ont fouillé rapidement partout. Il a eu à peine le temps de s’habiller.
Marcel Fioux, né le 29 décembre 1918, à Sainte-Fortunade. 1,71 m, châtain. Il avait fait son service militaire de 1939 à 1942 au 502e D.C.C., puis au 102e B.C.C., et ensuite au Maroc, au 1er régi­ment de chasseurs d’Afrique. Marié depuis trois mois, il était domicilié au 103, avenue Victor-Hugo. Il était électricien à la Marque. À 9 heures, les Allemands sont venus demander les papiers : « Bon, bon, ça va ; mais il faut voir le commandant. »
Georges-Paul Fourquet, né le 14 février 1920, à Metz (Moselle). 1,70 m, blond. Il était le fils d’un employé de gare, à Metz. Il avait fait un an de Chantiers de Jeunesse et était venu à Bort-les-Or­gues rejoindre ses parents expulsés. Employé aux tanneries de Bort, il était requis à la M.A.T. depuis un an comme graisseur. Domicilié à Roussolles, no 16. Marié, un enfant (2 ans). À 6 heures, il était au lit. Un Allemand est entré : « Pre­nez vos papiers ; suivez les autres qui sont dehors. »
André-Fernand Gamblin, né le 21 décembre 1921, à Paris (5e). 1,70 m. Marié, un enfant (dix-huit mois), il était domicilié à La Fageardie. Il était employé à la banque Jordan, repliée au Chambon. Depuis septembre 1943, il était requis à la Marque en qualité de comptable. À 11 heures, il allait chercher le lait pour sa fillette. À 100 mètres de la maison, il est arrêté par les Allemands : « Vérification de papiers. » Comme il montrait son bidon à lait : « Dans une heure, vous serez de retour. » Il avait en­tendu passer le haut-parleur vers 10 heures. Il partit confiant.
Lucien Ganne, né le 10 juin 1921, à Tulle. 1,60 m, châtain clair. Il était un ancien apprenti de la M.A.T. et avait fait huit mois de Chantiers à Châtel-Guyon. Domicilié à Roussolles, no 51. Marié, un enfant (sept mois). Il était ajusteur à la M.A.T. À 7 heures, les Allemands sont venus  » voir papiers ». Sa mère voulait lui donner du ravitaillement. « Inutile, dans une heure sera revenu. »
Gaspard (nom de guerre d’un Algérien né à Oran).
André Gay, né le 24 janvier 1915, à Saint-Jory-de­Châlais (Dordogne). 1,70 m, châtain. Il était garçon boulanger à Saint-Martial-d’Exideuil. Il avait fait deux ans de services militaires au C.O.A., à Dijon. Rappelé en 1939, il fit la campagne de Norvège, revint par l’Angleterre et fut libéré en juillet 1940. Il reprit son métier de boulanger. Requis à la M.A.T. depuis novembre 1943, il était employé à la cantine. Célibataire, il logeait au camp du Bos. À 6 heures, il fut arrêté dans le haut de la côte de Pois­sac, au moment où il descendait en ville portant une mallette ce qui le fit traiter de « maquis ».
Raphaël Gherchon, né le 7 juillet 1910, à Constantmople (naturalisé). 1,66 m, châtain. Orphelin, il avait fait ses études à Paris (11e). Il avait été incorporé en 1937 au 25e R.I. à Châlons-sur-Marne ; avait participé à la bataille de Dunkerque. Fait pri­sonnier, il s’était évadé, était venu à Brive. Il était chauffeur-laitier à la ferme du Pouget. Il était domicilié 10, rue du Pont-Neuf. Marié sans enfant. Les Alle­mands l’ont emmené à 7 heures du matin.
Gaston Girard, né le 5 janvier 1916 à Vesoul (Haute-Saône). 1,73 m, brun. Célibataire, domicilié 16, ave­nue Victor-Hugo. Il était le fils d’un employé de chemin de fer en retraite. Après l’école primaire, il est entré dans une fabrique de chaussures, à Besançon. En 1937, il a fait son service mili­taire à Dôle et il est resté sous les drapeaux jusqu’en août 1940. Brancardier-infirmier, il fut blessé au cours de la retrai­te et démobilisé à Brive. Il rentra à la M.A.T. À 8 heures, les Allemands sont montés dans les cham­bres et ont demandé les hommes.
Jacques-Pierre-Marie Girard, né le 14 janvier 1908, à Auchel (Pas-de-Calais). 1,72 m, blond. Son père, ingénieur aux mines de Marles, vint en août 1908 s’installer à Brive où il prit la direction de l’usine Prieur. Ses deux frères étaient ingénieurs. Brillant élève, il fit ses études, d’abord à Brive, puis à Clermont et à Paris. Licencié en droit, il travailla chez son oncle, avoué à Brive. « D’une conscience droite, d’une intelligence vive et nette, il apportait autour de lui un concours précieux. Il ai­mait la discussion et savait maintenir son point de vue lors­qu’il le jugeait juste. Bon et serviable, il était estimé de tous ceux qui le connaissaient. » En 1938, il quitta Brive pour se fixer à Tulle, nommé avoué par D. du 5 juin 1938. Son étude, place Saint-Jean, était connue. Mobilisé en 1939, comme sergent, dans un groupe sanitaire divisionnaire, il resta plusieurs mois en Alsace, puis alla dans la Somme. Rentré à Brive après l’armistice, il reprit sa charge d’avoué à Tulle. Il fonda un foyer en septembre 1942 ; une petite fille vint l’égayer. Il adorait cette enfant et se réjouissait à l’arri­vée du petit garçon qu’il souhaitait et espérait. Il n’eut pas la joie de le reconnaître. Le 9 juin, à 6 heures du matin, deux soldats allemands vinrent, baïonnette au canon, frapper à coups redoublés à sa porte, boulevard Joffre. À peine eut-il le temps de prendre un costume sur son pyjama ; il fut emmené avec tous les hommes du quartier.
Henri-Albert-Paul Gladi, né le 30 août 1924, à Toulouse. 1,74 m, très brun. Il était le fils d’un agent d’assurances, et sa mère était professeur de sciences à l’École Primaire Supérieure de filles. Il avait perdu son père à l’âge de 4 ans et habitait notre ville depuis 1938. Il était domicilié 5, quai de Valon. Élève au lycée de Tulle, il avait obtenu le baccalauréat et commencé la préparation à Saint-Cyr. Enfant unique, seul, il était allé voir un de ses amis, 7, quai de Rigny. C’est là qu’il fut pris, vers 10 heures.
Georges Gloria, né le 29 décembre 1904, à Tulle. 1,70 m, châtain. Il était l’unique fils d’un jardinier de Louradour. Ancien élève de la Bride, il était tourneur chez Dumaine (cycles). Il avait fait son service militaire au 15e génie, à Toul, puis au 2e sapeurs de chemin de fer. En 1939, il rentra à la Marque comme régleur.· Marié, un enfant (14 ans), il habitait 12, cité Cazeau. À 6 heures, il était au lit : on frappe, il va ouvrir. Un Allemand causant très mal : « Papier… papier. » Il est parti immédia­tement, sans déjeuner.
Charles Godillon, né le 8 juin 1908, à Maril­let (Vendée). 1,60 m, châtain foncé. Il avait fait son service militaire à Toul. Tourneur sur métaux à la M.A.T. depuis huit ans, il habitait au Bos-Bas. Il était père de deux enfants (8 et 6 ans). Un troisième est né trois mois après son supplice. À 8 heures, deux Allemands sont venus : « Hommes venir », puis ils sont partis… Il a rejoint un groupe d’une vingtaine d’hommes du quartier. Il a laissé à sa femme les mots suivants : em>Au revoir, ma chérie, mes petits et toute ma famille, que j’aimais tant. Appelle celui qui doit venir : Charles ou Marie. Je pars pour être fusillé : au revoir mon amour mes chéris. Charles.
Lucien Guirande, né le 19 novembre 1920, à Tulle. 1,64 m, châtain foncé. Il était le fils du receveur municipal de notre ville. II avait fait huit mois de Chantiers de Jeunesse à Mézières-en­ Brenne, et était dessinateur chez Rethel (moteurs d’avions). Depuis quelques mois, il était requis à la M.A.T. Marié, sans enfant, il habitait 5, rue du Grillon. À 6 heures, il descendit au premier avec les autres loca­taires. Les Allemands sont venus pour « vérifier les papiers ».
Henri Kekler. Lucien Kekler. Étaient deux frères jumeaux, nés le 21 octobre 1922, à Paris (19e). C’étaient deux grands garçons blonds frisés. Les parents travaillaient à Lunéville. Après de sérieuses études ils en­traient comme dessinateurs à la maison Citroën. Ils étaient venus en congé à Tulle pour une dizaine de jours et tous deux furent pris à 6 heures au no 17, avenue de la Bastille, en même temps que leur hôte. Pendant le tri, l’un d’eux aurait dit : « C’est mon frère, nous ne nous sommes jamais quittés. » -« Eh bien, allez avec votre frère. » C’était le lot des suppliciés.
Bernard Henriet, né le 12 octobre 1923 à Reims. 1,70 m, châtain clair. Il était l’aîné d’une famille de cinq enfants dont le père était employé du gaz à Reims. Il s’était réfugié avec sa famille à Brive, en juin 1940, puis à Tulle, en juillet 1941. II était employé au Crédit Lyonnais de Reims, replié à Brive. Engagé pour trois ans au 13e B.C.A., à Chambéry, fin août 1941, il fut démobilisé fin novembre 1941 et entra comme employé à l’Association des Anciens des Chantiers de Jeunesse. Célibataire, il habitait avec ses parents, 48, avenue Victo-Hugo. À 9 heures, les Allemands sont venus et ont fait sortir tous les hommes de la maison, les bras levés, mais sans bru­talité… « Contrôle… ça va durer une heure.»
Paul Humbert, né le 8 février 1916, à Contrexe­ville (Vosges). 1,60 m, très brun. Il était le fils d’un entrepreneur de bâtiments et avait d’abord travaillé avec son père. Il avait fait son service militaire au 23e régiment d’infan­terie, à Haguenau, et avait été mobilisé en 1939 dans l’Est. Blessé au ventre par un éclat d’obus, il fut libéré à Argentat, puis vint à Tulle en décembre 1940. Marié, père d’un enfant de 2 ans, employé au service du ravitaillement de l’École technique, il habitait avenue Victor-Hugo, no 30. À 6 heures, il venait de se raser… les S.S. sont venus pour « contrôle de papiers ».
Joseph-Edmond-Albert Hurst, né le 4 avril 1913, à Tulle. 1,70 m, blond. Il était le fils d’un chef armurier décédé. Ancien élève de l’école de Souilhac, il entra comme apprenti à la M.A.T. II s’était engagé pour cinq ans dans la marine, à Toulon, où il obtint les galons de quartier-maître. Mobilisé en 1939 au 66e d’infanterie, dans l’Est, il fut libéré en juillet 1940. Tourneur à la M.A.T. Marié, sans enfant, il habitait rue des Condamines. Il est parti à 11 heures pour « contrôle de papiers».
Léon Jougounoux, né le 20 mai 1920, à Saint­Julien-aux-Bois (Corrèze). 1,70 m, châtain clair ondulé. Il était le fils le plus jeune d’une famille de cinq enfants, d’un propriétaire de Saint-Julien. À 18 ans, il partit pour Paris comme employé de com­merce. Il fit un an de Chantiers de Jeunesse à Lodève (Hé­rault) et, à la libération, travailla aux chantiers ruraux, à Tulle, puis à la Marque… Célibataire, il habitait rue du Fossé. À 8 heures, se trouvant dans la rue de la Barussie, il fut pris et emmené.
Lucien Juille, né le 13 mai 1916, à Tulle. 1,70 m, châtain. Il était le fils d’une nombreuse famille, l’un des plus jeu­nes de onze enfants. Il était typographe, et depuis deux ans travaillait à la M.A.T. Toute la ville connaissait ce virtuose de l’accordéon. Marié, deux enfants (2 et 1 an), il habitait 13, rue d’Épierré. À 7 heures, les Allemands ont frappé : « Papier… papier. .. ». Il est parti tout seul, sans être accompagné. Comme il partait en pantoufles, sa femme l’a rejoint pour lui remettre des souliers.
Paul Labess , né le 6 février 1910, à Limoges. Il habitait rue du Pont-Neuf.
Étienne Laborde, né le 30 octobre 1914 à Béziers. 1,65 m, fort, très brun. Il était le fils d’un marinier décédé en captivité à la fin de la guerre 1914-1918. Il avait fait deux ans de services militaires au 28e génie, à Montpellier, et mobilisé en 1939 au même régiment ; il avait fait la campagne de l’Est. Marinier à Agde, il s’était replié à Tulle depuis trois mois, chassé de la zone côtière par les Allemands. Marié, trois enfants, 6, 4 et 1 an), il habitait 75, avenue Victor-Hugo. Il a été pris au lit par les Allemands qui demandaient « renseignements ».
Henri-Edmond-Louis Lacour, né le 21 mars 1919, à Tulle. 1,74 m, brun frisé. Il était le plus jeune des trois enfants d’un chaudronnier de l’avenue Victor-Hugo. Il avait fait toute la campagne 1939-1940 à l’escadrille de bombardement no 131 qui avait mérité une citation collective (croix de guerre avec palme). Il travaillait avec son père et, depuis huit mois, était requis à la M.A.T. À 7 heures, il se trouvait sur le seuil de la porte, chez son père. Un Allemand est venu : « Contrôle ». Il était impossible de comprendre exactement ce qu’il voulait. Il est parti avec son cousin de 16 ans qu’il a fait relâcher 200 mè­tres plus loin. En allant au supplice, passant sur le pont, il a crié à ses parents : « Adieu Papa, adieu Maman… je vais… » ; la suite, sans doute interrompue par quelque brutalité. Son père avait logé une cinquantaine d’Allemands, dont plusieurs exécu­teurs. Ils ont pillé sa maison et vidé son atelier. Ce martyr laisse une veuve et un enfant de neuf mois.
André-Raymond Lagarde, né le 21 juin 1911, à Ivry-sur-Seine. 1,65 m, blond, ondulé. Il était le fils d’un crémier de Versailles : « La Ferme Saint-Jean ». Après des études sérieuses, il entrait comme comptable à la maison Brandt, repliée à Tulle en 1939. II s’était engagé en 1929 dans un régiment colonial, avait pris part à la campagne de Syrie. Mobilisé en 1939, prisonnier en juin 1940, il s’était évadé en août 1942. Il était revenu à la maison Brandt, à Tulle, au service des achats. Il était domi­cilié 17, avenue de la Bastille. Marié, trois enfants (10, 8 et 7 ans). À 6 heures, les Allemands sont venus, ont défoncé la porte : « Vérification de papiers… dans 1 heure seront reve­nus. »
Jean Laguionie, né le 8 juillet 1918, à Limoges. 1,65 m, châtain. Orphelin de père, il fréquentait l’école jusqu’à 16 ans et entrait comme apprenti chez un coiffeur. Il avait accompli deux ans de services militaires dans l’infanterie ; mobilisé en 1939, il avait été dans l’Est, puis en Belgique, et démobilisé en juillet 1940. Coiffeur à Limoges, puis à Argentat en 1942, il avait été requis en juillet 1943 à l’usine 50 de la M.A.T. Marié, un enfant (13 mois), il habitait 2, rue du Docteur Valette. À 6 heures, les Allemands ont enfoncé la vitrine : « Vérification de papiers ».

Henri-Antoine Lalitte, né le 11 novembre 1906, à Bort-les-Orgues. 1,70 m, brun.
Il était le fils d’un couvreur et avait fait son apprentis­sage de mécanicien-ajusteur. Il avait accompli un an de ser­vices militaires au 92e régiment d’infanterie, à Clermont, puis avait été mobilisé au 326< régiment d’infanterie, dans l’Est. Rappelé comme spécialiste, en février 1940, il fut requis à la M.A. de Brive, puis appelé à Tulle, en octobre 1943. Marié, trois enfants (16, 14 et 3 ans), il habitait, 3, côte de Poissac.
Le 8 juin au soir, il se rendit 33, rue du Docteur-Valette, voir son ami Beaufils, compatriote par son mariage. Tous deux furent pris en même temps.

Michel-Marcel Lamarre, né le 26 décembre 1917, à Arcueil (Seine). 1,66 m, brun. Marié, un enfant (3 ans), il était installé comme tailleur, rue des Fontaines, et habitait à La Fageardie. M. Lamarre était infirme par suite d’une ankylose de la jambe droite. À 6 heures, les Allemands sont venus, ont demandé les papiers… « Suivez-nous. » Il a montré son état… « Mais vérifier pa­piers… Suivez… » Pendant le tri, Walter en a sorti un… est venu le chercher lui…
Jean-pierre-Eugène Larchez, né le 13 octobre 1908, à Fameck (Moselle). 1,78 m, châtain clair. Fils d’un fonctionnaire en retraite, il avait fait ses études au lycée et était contremaître dans une usine métallurgique. Il avait accompli dix-huit mois de service au 507e régiment de chars, à Metz, et, en 1939, mobilisé dans le même régi­ment, il avait fait campagne dans la région de Bitche. Pri­sonnier à Belfort, il fut libéré comme Alsacien. Il fut expulsé le 26 avril 1941, après avoir contribué à l’évasion de nom­breux prisonniers. Réfugié, il était comptable aux chantiers de Saint-Christophe-la-Bouverie (Indre). Il était venu à Tulle, le 3 juin, pour assurer un intérim aux exploitations agricoles, 44, avenue Victor-Hugo. Peu connu, il a été impossible de savoir comment il fut pris. Il était marié à une femme ma­lade, en traitement depuis cinq ans.
Alphonse Lasseron, né le 4 février 1908, à Rou­baix. 1,66 m, châtain. Il était le deuxième fils d’une famille de cinq enfants dont le père était comptable à l’usine à gaz de Tourcoing. Il travaillait comme ajusteur-mécanicien. Il fit un an de services militaires dans la marine, à Cherbourg, où il devint quartier maître breveté. Mobilisé en 1939 à Cherbourg, il passa en Angleterre en juin 1940 et fut envoyé au Maroc, dans la flotte de guerre, au camp de Seffrou. Revenu à Tourcoing, il se réfugia à Tulle en février 1944, où il fut requis à la M.A.T. Marié, sans enfant, il habitait 14, rue de la Barussie. À 9 heures, il allait à l’hôpital avec son frère dont la femme était en traitement. Il a été pris à ce moment. Comme il avait une cicatrice au front, le S.S. soupçonneux lui a demandé : « Qu’est-ce que vous avez au front ? »
Robert-Hélen Laurent, né le 4 janvier 1919, à Laguenne. 1 m 64, brun. Il était l’aîné de trois enfants, fils d’un mutilé. Céliba­taire, domicilié au Coupart, il travaillait chez un ébéniste, à Roussolles. À 7 heures, il venait de déjeuner, les Allemands sont venus, ont dit de suivre et de prendre les papiers. Il est parti avec son jeune frère rejoindre les hommes du quartier.
Aimé-Charles-Léandre Lefevre, né le .24 novem­bre 1918, à Calais. 1,72 m, blond. En 1939, il était sous-officier à Reims ; il a fait campagne dans l’Est, en Belgique et à Dunkerque. Son régiment est resté à Limoges. Il est venu a Tulle, comme employé, à la B.N.C.I., puis a été requis à la Marque. Marié, un enfant né un mois après son supplice, il habitait boulevard Joffre. II a été pris en même temps que son cousin Marcilloux.
René-Michel Le Quillec, né le 15 octobre 1919, à Quimperlé. 1,66 m. Ancien élève de l’École militaire de Tulle, il était maré­chal-des-logis à Fontainebleau. Il fit la campagne dans l’Est, au 306< régiment d’artillerie, puis au 123e. Il revint à Tulle en 1940. Marié, deux enfants (3 ans et un mois). Il habitait boulevard Joffre. À 6 heures, il était au lit ; les Allemands ont demandé les hommes, il est parti avec son beau-frère.
Raymond Le Souef, né le 26 octobre 1903, à Saint-Romains (Seine-Inférieure). 1,75 m, blond. Il était le fils d’un, constructeur de machines agricoles. Avec son frère, il avait installé au Havre, rue Gravelotte, un atelier de construction de moteurs Diesel pour la marine. Réfugié à Tulle depuis 1940, il dirigeait un atelier de fabri­cation de gazas, 99, avenue Victor-Hugo. Marié, deux en­fants (16 ans et dix-huit mois), il habitait 39, av. Victor-Hugo. À 9 h 30, les Allemands ont frappé à la porte. « Contrôle papiers… » Il avait vu défiler plusieurs groupes dans la rue ; il s’est joint à l’un sans hésitation.
Pierre-Jean-Édouard Lestrade, né le 28 août 1914 à Cornil. 1,70 m, brun frisé. Il était le fils d’un ancien ouvrier de la M.À.T. Apprenti à cet établissement, il avait fait deux ans de services mili­taires à la 22e C.O.A. Il travaillait comme dresseur de canons. Marié, deux enfants (4 et 2 ans), il était domicilié 21, rue du Docteur-Valette. À 6 heures, il était au lit, : « Suivez-nous… n’oubliez pas les papiers. Habillez-vous ; simplement une vérification de papiers. »
Lionel Manolesco, né le 28 juin 1916, à Buca­rest (Roumanie). 1,78 m, brun. Naturalisé en 1938. Fils d’un docteur de Paris, il avait été reçu pharmacien au début de 1944, devant la faculté de Montpellier. Il travaillait depuis quelques mois à la pharmacie de la gare. Il avait fait son service militaire à l’hôpital Baujon, puis au Val-de-Grâce, et il était resté à son poste pendant l’exode, ce qui lui avait valu de belles citations du médecin-chef de la place de Paris et du chef de service de la santé de la région parisienne. Célibataire, il habitait 16, rue du Pont-Neuf. Il a été pris le matin, à 6 heures, sur le seuil de la cuisine.
Armand Marcilloux, né le ler mars 1906, à Rilhac-Treignac (Corrèze). 1 m 68, brun. Il était le plus jeune des trois fils d’un cultivateur. L’un de ses frères avait été brûlé vivant en Allemagne, l’autre était encore prisonnier. Mobilisé en 1939 à la 9e section d’infirmiers, dans l’Est, prisonnier à Épinal, il fut libéré au début de novembre. Marié, un enfant (14 ans), il habitait boulevard Joffre ; il était chef cantonnier du Service vicinal. À 6 heures, il était au lit… « Messieurs, suivre.» Il partit avec son cousin Lefèvre.
Marius Mari, né le 31 mars 1921, à Nice. Fils d’un plombier, rue Barnala, à Nice, il travailla d’abord avec son père. Il accomplit huit mois de Chantiers de Jeunesse au groupement 14 et fut libéré le 1er mars 1942. Parti comme travailleur en Allemagne, il s’évada, revint à Nice, puis à Tulle, en janvier 1944. Il était surveillant à la M.A.T. Célibataire, domicilié avenue de la Bastille, il fut pris en même temps que son hôte, M. Lagarde.
Antoine Mas, né le 16 mai 1914, à Tulle. 1,66 m, châtain foncé. Il travaillait comme plombier-zingueur à la Sidec, près Mulatet. En 1939, il avait rejoint son régiment à Verdun ; il fut blessé en juin 1940. Depuis 1941, il était rentré dans la police· (région de Limoges). Marié, un enfant (5 ans), il habi­tait 10, rue des Portes-Chanac. Venu en permission le mer­credi soir et ne pouvant rentrer chez lui, il se retira chez son oncle, au Bos. Il fut pris le matin, à 6 heures, encore au lit.
Jean Maugein, né le 27 juin 1925, à Lunéville. 1 m 83, brun frisé. Il était le fils unique d’un contremaître à la M.A.T. et d’une employée des Postes. Élève du lycée de Tulle, titulaire du baccalauréat, mathématiques, il se préparait à l’École centrale. Domicilié rue de l’Enclos, il fut arrêté à 6 h 30, en même temps que son père.
Henri Maury, né le 11 août 1898, à Tulle. Était marchand de cycles au pont de la Barrière et habi­tait cité Cazeau (maison Maugein). Marié à une employée de la Préfecture, il avait un enfant (17 ans), élève au lycée de Tulle. À 6 heures, les Allemands ont frappé. Il est descendu en même temps que son propriétaire. Prié de rester à la disposition, il est remonté pour s’habiller, puis est parti.
Adolphe-Pierre Mestre, né le 7 janvier 1903, à Sainte-Fortunade. 1 m 82, brun frisé. Marié, trois enfants (13, 8 et 5 ans), il habitait 13, rue d’Épierré. En 1940, il fut mobilisé de janvier à juillet. Il tra­vaillait depuis au ravitaillement général (École normale de garçons). À 8 heures, les Allemands sont venus ; il s’est levé. La petite fille a sauté au cou d’un Allemand : « Il ne faut pas. prendre mon papa, j’ai deux petits frères ; maman est ma­lade. » – « Ton papa va revenir à midi. »
Mohamed (Ben Ahmed), né en 1916 à Tedjérou­ne (Tunisie). 1,78 m, maigre, frisé. Engagé aux tirailleurs algériens, il avait été fait prisonnier. . Il travaillait à la M.A.T. comme manœuvre à l’usine 50. Domicilié 71, avenue Victor-Hugo.
Henri-Julien Mons, né le 8 décembre 1910, à Saint-Chamant. Marié, deux enfants (10 et 8 ans). Il habitait 19, rue de la Barussie, et travaillait comme sableur à la Marque. Avec quelques voisins, il s’était mis à l’abri dans une cave de l’hôpital. Aperçus par les S.S., ils furent conduits sur la place de Souilhac.
Alfred Moussours, né le 14 avril 1902, à Ménnoire. Marié, trois enfants (19, 16, 14 ans), il habitait rue du 4-Septembre, où il était entrepreneur de menuiserie. Il était dans son lit, lorsque les Allemands sont venus. li s’est levé pour ouvrir. Il s’est habillé, est descendu, est resté au portail du jardin pour attendre le retour des Allemands partis fouil­ler les maisons voisines.
Maurice Neyrat, né le 15 avril 1918, à Tulle. 1,70 m, brun ondulé. Il était le fils d’un ouvrier de la M.A.T. qui, pendant longtemps, fut officier dans le corps des pompiers de la ville. Apprenti de la M.A.T., il fit un an de services militaires à la base 104 d’aviation, au Bourget. Il fut rappelé en 1939, affecté à différentes bases aériennes, prit part à la campagne de Belgique. Faisant partie de l’armée d’Armistice, il fut libéré le 15 mai 1941. Marié, sans enfant, il habitait 104, avenue Victor-Hugo. À 9 heures, les Allemands ont frappé. Il avait passé une partie de la nuit à la cave… IL s’est levé, est sorti : Vérifier. .. papiers… dans deux heures, vous serez de re­«  tour. » Il est descendu dans la rue où il a attendu assez longtemps.
Martin-Joseph Nunez, né le 1 er juin 1917, à Ahlionne (Badajoz, Espagne). 1,65 m, brun. Mécanicien à la maison Veyres-Périé, marié, un enfant (dix-sept mois). Il habitait rue du 4-Septembre. À 6 heures, il était dans son lit. On a frappé. Son beau-père a ouvert. « Vérification de papiers._ .. Venir, pas long­temps. »
Maurice Palatsi, né le 6 avril 1923, à Paris (12e). 1,65 m, châtain foncé, ondulé. Il était le fils unique de marchands forains de Paris ; Élève de l’École Estienne, il obtint le certificat d’aptitude professionnelle comme dessinateur-lithographe. Il fit huit mois de Chantiers dans l’Ariège, puis trois mois à Tulle. À sa libé­ration, il fut requis à la M.A.T., en avril 1943, comme véri­ficateur. Célibataire, il logeait avenue Victor-Hugo (maison Raffal). Il était sans nouvelles de sa famille, déportée depuis 1942. Lui-même avait été déporté, interné six mois au camp de Drancy, mais il avait pu s’évader au cours d’une visite médicale et s’était réfugié chez un oncle, à Marseille.
Maxime Pastor, né le 1er janvier 1909, à Alicante (Espagne). 1,66 m, châtain foncé. Lieutenant dans l’armée républicaine espagnole il se réfugia en France. À Tulle depuis décembre 1943, il exerçait la profession de mécanographe, avenue de la Gare. Il était marié (un enfant de 7 ans). Il habitait 35, avenue Victor-Hugo. Il a été pris à 8 h 30, dans sa chambre, pour… « véri­fication de papiers ».
André Peuch, né le 23 juillet 1920, à Tulle. 1,70 , châtain. Il avait accompli huit mois de Chantiers de Jeunesse à Châtel-Guyon. Depuis un an, il travaillait à la M.A.T. Marié, un enfant (treize mois), il habitait au Balcon, où il tenait restaurant. Le 8 juin dans la nuit, il logea une soixantaine d’Allemands qui ont pillé la cave. Le lendemain, ils l’ont emmené pour « voir papiers ».
Guy Peuch, né le 26 octobre 1923, à Tulle. 1,75 m, châtain. Enfant unique, son père était décédé, sa mère était em­ployée à la M.A.T. ; son grand-père était le vieux Lafaye (soudure autogène), rue d’Épierré… Élève au lycée de Tulle, il avait fait quatre mois de Chantiers. Depuis six mois, il était requis à la M.A.T., où il travaillait à l’atelier de tôlerie. Il vivait avec son cousin Dumaître. Tous deux, pris ensemble, ne se sont pas quittés, ont subi le même sort.
Jean-Martial Picard, né le 25 septembre 1923, à Corrèze. Il était ancien apprenti à la M.A.T. Il avait fait deux mois de chantiers à Châtel-Guyon et avait été rappelé à la M.A.T. Célibataire, il habitait 11, rue du Canton. Se croyant menacé, il avait quitté sa maison la veille et il fut pris à Virevialle.
Auguste-Ernest Pierre, né le 1er décembre 1917, à Barcelone (Espagne). 1,80 m, châtain foncé. Il était le fils d’un entrepreneur français de laiterie. Élève de l’École des Hautes-Études commerciales à Barcelone jus­qu’à la guerre civile, il vint en France en 1939, rappelé par la mobilisation. Affecté au 15e tirailleurs algériens, à Périgueux, il suivit les cours d’élève officier et fut désigné comme aspi­rant au régiment de marche du Larzac. Il fut démobilisé en juillet 1940. Rentré dans les Chantiers jusqu’en octobre 1942, il rejoignit l’École de Saint-Mexant, repliée à Aix, jusqu’à la dissolution de l’armée. Il vint à Tulle, en décembre 1943, comme commissaire assistant à la production industrielle (Service de la M.A.T.). Marié, deux enfants (2 ans, onze mois). Il était domicilié 4, rue Marbot. À 8 heures, les Allemands ont demandé « papiers… dans une heure il sera là ». Ils ont fouillé partout, jusque dans les caisses. Un Allemand a déclaré à Mme Pierre : « Toutes les femmes ici pleurent… Nous ne sommes pas des sauvages… Votre mari reviendra dans une heure. Ici, il y a tellement de terroristes… »
Georges Reddon, né le 19 décembre 1908, à Lyon. 1 m 85, brun ondulé. Agent d’assurances à la Mutuelle du Mans, il était domi­cilié à Rochefort, 40, rue de !’Arsenal. Mobilisé en 1939, pri­sonnier en juin 1940, il fut libéré en novembre 1943. Fiancé à une jeune fille de Tulle, il était dans notre cité depuis le lundi 5 juin. À 8 heures, les Allemands ont frappé. Il a ouvert lui-même, a parlé aux Allemands pour demander des explica­tions. « Ce n’est qu’une vérification de papiers. Vous rentre­rez ce soir ou demain, cela demandera quelque temps. Mettez vos chaussures. »
Pierre Reginensi, né le 18 janvier 1916, à Brive. 1,72 m, brun. Il était le fils aîné d’un employé à l’usine Dunlop, à Montluçon. Élève de l’École professionnelle de cette ville, il entra comme apprenti à la M.A.T., en 1933. Il fut mobilisé en 1939, à Nancy, fit la campagne dans l’Est et fut libéré en juillet 1940. Revenu à la M.A.T., il était moniteur à l’École d’apprentissage. Marié, un enfant (3 ans), il habitait cité Cazeau. À 6 heures, les Allemands ont frappé : « Contrôle… papiers. » Il est parti en disant à sa femme : À bientôt. »
Jean-Marius-Joseph Rochedix, né le 14 novem­bre 1924, à Firminy (Loire). 1,74 m, châtain. Il était le fils unique d’un employé de tramway de Saint-Étienne. Élève à l’École Nationale Professionnelle de Saint-Étienne, il s’engagea au 1S2e régiment d’infanterie, en mai 1942, où il resta jusqu’en novembre 1942. Il fut employé à la Compagnie des tramways de Saint-Étienne et, en novembre 1943, fut requis à la M.A.T. Marié, sans enfant, il habitait 102, avenue Victor-Hugo. À 8 heures, il fut emmené pour « vérification de papiers».
Jacques Roussarie, né le 28 décembre 1922, à Paris (13<). 1,71 m, blond. Il était engagé pour cinq ans dans la marine, à Toulon, où il obtint les galons de quartier-maître canonnier. En congé d’armistice, depuis trois mois, marié, il habitait 84, avenue Victor-Hugo ; un enfant est né un mois après son supplice. À 9 heures, les Allemands sont venus… il n’était pas levé… « Vérification de papiers… rien, n’a besoin de rien… pas à manger. »
Pierre Roussarie, né le 5 avril 1910, à Argent-sur-Sauldre (Cher). 1 m 81, brun. Il était le fils unique d’un greffier au tribunal de pre­mière instance de Tulle, originaire de Laguenne. Ingénieur T.P.E., service de la préfecture, il habitait 14, cité Cazeau, marié, un enfant (5 ans). À 6 heures, il n’était pas levé… Les Allemands sont venus correctement, ont dit… « Vérification de papiers». M. Rous­sarie a fait signe à l’Allemand de ne pas faire de bruit, ce qui pourrait effrayer le petit…
Amédée-Louis Roux, né le 7 juin 1916, à Casa­blanca. Il était le fils d’un capitaine de l’intendance en retraite. Élève à l’École industrielle Pittsburg, à Fontainebleau, il avait obtenu le brevet industriel de mécanicien monteur-électricien. Il s’engagea pour cinq ans au 71< régiment d’artillerie, à Fontainebleau, fit la campagne dans l’Est, au sud de Rethel, fit partie de l’armée d’Armistice, vint à Tulle en septembre 1942, au 405e régiment de D.C.A. Démobilisé en juillet 1942, il était employé chez un mar­chand de vins. Marié, deux enfants (2 ans et 1 an), il habitait 14 bis, rue du Docteur-Valette. À 6 heures, les Allemands l’ont emmené « pour voir papiers ».
Jean-Pierre Souletie, né le 12 février 1910, à Cornil. 1,70 m, châtain foncé. Tourneur sur métaux à l’usine de la Marque, il habitait 97, avenue Victor-Hugo. Marié, deux enfants (12 et 10 ans). À 8 heures, les Allemands sont venus pour « vérification de papiers ». Il est descendu précipitamment dans la rue, où il a rejoint une centaine de voisins. Avant de partir, il a recommandé aux enfants de bien écouter leur maman ; celle-ci a donné à des voisins quelques provisions pour lui remettre.
François Teillé, né le 1 er septembre 1916, à Ussac. 1,78 m, brun. Il était le plus jeune d’une famille de sept enfants. Il avait fait deux ans de services militaires au 57e régiment d’infanterie de Bordeaux. Mobilisé en 1939, au même régi­ment, il fit la campagne dans l’Est en qualité d’agent de liai­son. Il fut démobilisé en août 1940. Monteur en chauffage, il était à Tulle depuis 1934, très connu en sa qualité de pilier au S.C.T. Il travaillait à la Marque comme régleur et depuis sep­tembre 1943 à la M.A.T., et habitait cité Cazeau. À 6 heures, il était au lit. Les Allemands sont venus : « Allez, suivez. » Il est parti sans déjeuner.
Jean-Pierre Toulemont, né le 30 juillet 1920, à La Bachellerie (Dordogne). 1 m 80, brun. Il avait fait huit mois de Chantiers, à Lodève. Chauffeur dans une entreprise privée, il habitait 6, rue d’Épierré. Marié, père d’un enfant de vingt mois, il en attendait un deuxième qui est né quatre mois après son supplice. À 7 heures, il était au lit, on a frappé… « Vérifier pa­piers. » Il n’a pas eu le temps de se chausser.
Marcel-René Tourneix, né le 18 août 1922, à Champagnac-la-Noaille (Corrèze). 1 m 68, très brun. Il était le fils d’un propriétaire, combattant de la guerre 1914-1918 au 30Qe et au 63c, trois fois blessé. Il avait fait huit mois de Chantiers à Saint-Ponet, avait été requis à la M.A.T. en novembre 1943, comme tourneur. Célibataire, il habitait 89, avenue Victor-Hugo. Le jeudi soir, il avait couché à l’hôtel, dans l’impossibilité de rentrer chez lui. Il fut pris en descendant l’escalier, le matin, vers 7 heures.
Jean-François Vieillefond, né le 14 juillet 1926, à Tulle. 1,74 m, blond. Il était le garçon unique, le plus jeune des trois enfants d’un boucher de Souilhac, 9, rue du Pont-Neuf. C’est le plus jeune des suppliciés, pas même 18 ans. Comptable au Crédit agricole, il n’avait jamais quitté sa fa­mille. Le 9, il fut pris avec son père, chez un voisin, rue Docteur-Valette, où toute la famille Vieillefond s’était retirée par crainte de la fusillade. M. Vieillefond, en effet, avait été blessé à l’arcade sourcilière par une balle. L’un des premiers, il alla au supplice… Sa mère le vit…
99Pierre-Louis Vitalis, né le 16 septembre 1919, à Chanac. 1 m 83, brun bouclé.
Ancien élève de la Bride, il était préparateur en phar­macie. Marié, deux enfants (2 ans et dix mois), il habitait au Balcon.
À 6 heures, il était dans son lit. Les Allemands sont venus, très pressés. Il a été bousculé pour qu’il se prépare plus vite. Sa femme lui a lancé par la fenêtre ses papiers, son portefeuille.