Source : Le massacre de Tulle | Antoine Soulier
Le 9 juin 1944, il a ouvert lui-même la porte aux Allemands, à 8 heures, il a été emmené pour vérification de papiers.
Beaufils André, né le 12 décembre 1917, à Toul-Sainte-Croix (Creuse). 1,74 m.
Il avait accompli son service militaire au 60e d’infanterie, à Besançon, et, sans être libéré, en 1939, était parti au front dans l’Est. Il se battit jusque dans la Somme où, le 6 juin 1940, une balle lui traversa la tête. Il fut libéré en août 1940. Marié depuis quatre ans à peine avec une employée du gaz,
il était coiffeur à Souilhac, domicilié, 33, rue du Docteur Valette.
Le 8 juin, au soir, les Allemands arrivent, prennent son logement, exigent que Mme Beaufils leur fasse la cuisine.
Le lendemain matin, il est invité à aller faire vérifier ses papiers.
« Il n’y a rien à craindre, vous êtes en règle… » Et le soir même, à leur retour, les bandits annoncent à la malheureuse veuve : « Votre mari ne reviendra plus, les bons ont payé pour les mauvais… »
Eux-mêmes, pour compléter, ils ont pillé la maison.
Victor-Antoine Blanchard, né le 24 avril 1907, à Pont-Salomon (Haute-Loire). 1 m 68.
Apprenti aux aciéries Holtzer, à Firminy, il était revenu avec ses parents, à Saint-Étienne, exerçant la profession d’armurier.
Il avait accompli dix-huit mois de services militaires à Auxonne, au er R.A.D. Mobilisé en 1939 au 116e R.A.L., il fut rappelé comme fraiseur en mai 1940. Requis à la M.A.T. depuis novembre 1943, il était domicilié 67, av. Victor-Hugo.
Marié, divorcé, il avait la garde de son garçon de 13 ans. À 8 heures, les Allemands sont venus, il s’est levé, est descendu dans la cour, a rejoint dans la rue un groupe d’une centaine d’hommes de l’avenue.
Victor-Antoine Blanchard, né le 24 avril 1907, à Pont-Salomon (Haute-Loire). 1 m 68.
Apprenti aux aciéries Holtzer, à Firminy, il était revenu avec ses parents, à Saint-Étienne, exerçant la profession d’armurier.
Il avait accompli dix-huit mois de services militaires à Auxonne, au er R.A.D. Mobilisé en 1939 au 116e R.A.L., il fut rappelé comme fraiseur en mai 1940. Requis à la M.A.T. depuis novembre 1943, il était domicilié 67, av. Victor-Hugo.
Marié, divorcé, il avait la garde de son garçon de 13 ans. À 8 heures, les Allemands sont venus, il s’est levé, est descendu dans la cour, a rejoint dans la rue un groupe d’une centaine d’hommes de l’avenue.
Paul Blondel, né le 27 mars 1921, à Brive. 1,70 m, brun.
Il était le fils d’un employé du Gaz de la ville. Après une année d’études à l’École industrielle, il rentrait en apprentissage comme serrurier, restant huit ans chez le même patron.
Après huit mois de Chantiers de Jeunesse, au groupe 24, à Lodève. il était requis à la M.A.T. en qualité d’affûteur. Marié, un enfant, 1 an et demi, il était domicilié impasse du Cautun.
À 6 heures, il était au lit ; les Allemands sont venus ; « Dépêchez-vous. » Il n’a pu embrasser sa petite au berceau… Un soldat a déclaré : « Moi, je n’ai pas embrassé les miens depuis longtemps. »
Yves Boissier, né le 28 juin 1920, au Mans (Sarthe). 1,78 m, blond.
Il était le fils aîné du propriétaire des Magasins de confection du Louvre. Élève des Beaux-Arts.
Après quelques mois de Chantiers de Jeunesse à Châtel-Guyon, il était requis à la Marque. À 7 h 30, les Allemands ont frappé à la porte. M. Ligeois a ouvert. Tous les hommes de la maison s’étaient préparés, avaient garni des musettes de provisions. L’Allemand a dit : « Pas besoin, serez revenus dans une demi-heure. »
Ils ont rejoint, au pont de la Mairie, un groupe de plusieurs centaines.
Jean Bonjour, né le 16 mars 1909, à Moulins. 1m 70, brun frisé.
À 15 ans, orphelin de père et de mère, il était parti dans le Pas-de-Calais, où il était secrétaire employé au Sanatorium de Berck-Plage (Institut Calot). Soldat, mobilisé en 1939, venu à Tulle en juin 1940, il était employé à liIntendance.
Domicilié 57, avenue Victor-Hugo, fiancé à une jeune fille de Tulle, il laisse un bébé de un jour.
Il a été pris, le matin à 6 heures, dans son lit, pour « vérification de papiers ».
Georges Bonnet, né le 12 janvier 1920, à Rancon (Haute-Vienne). 1,72 m.
Il était l’enfant unique d’une directrice d’école, qui exerça pendant vingt-huit ans à Rancon ; son père tenait un salon de coiffure. Après de brillantes études au lycée Gay-Lussac, à Limoges, puis au lycée Saint-Louis, à Paris et en 1939-1940 au lycée Montaigne, à Bordeaux, il était admis en 1940 au concours de l’Institut National Agronomique. Il sortit de l’école avec le no 13, ce qui lui permit d’opter pour le Génie Rural (Maroc). Après un an d’études à l’École Supérieure du Génie Rural à Paris, il fut envoyé par le ministre de !’Agriculture dans notre ville, pour faire un stage chez M. Martel, directeur du Génie Rural.
Célibataire, il était domicilié 20, rue Pauphile. Il a été arrêté vers 10 heures ; il s’est présenté lui-même aux Allemands.
Au dernier moment, il a écrit ces mots remis à l’abbé Espinasse : Je meurs innocent. Mes dernières pensées sont pour vous. Je vous embrasse une dernière fois et je vous demande d’être aussi courageux que je l’ai été moi-même en mourant. Je vous embrasse vous et tous les miens. « Georges »
Voici un fragment de la lettre de son ancien directeur :
Je sais quelle perte vous faites ; j’ajoute quelle perte nous faisons tous. Votre fils laissait espérer de brillants services… Intelligent et travailleur, ses succès lui assuraient un bel avenir dans la carrière que, par goût, il avait choisie et qu’il comptait poursuivre dans le cadre souriant de notre protectorat du Maroc.
Pendant son année à l’école, il avait vraiment travaillé dans la joie parce qu’il s’intéressait à des études parfaitement adaptées à ses goûts et à ses aptitudes et parce qu’il sentait tout le bien qu’elles lui permettaient de faire à son pays.
À ses qualités intellectuelles, il joignait de solides qualités morales ; son regard clair et confiant gagnait d’emblée la sympathie, en même temps que son abord toujours souriant décelait une bienveillance spontanée.
Qui eût pu penser que ce charmant garçon, qui, en dehors de son travail n’avait d’autres préoccupations que celles ayant trait à l’éducation physique et aux sports, devait un jour trouver une mort aussi tragique dans des conjectures auxquelles il était parfaitement étranger.
Henri-Antoine Lalitte, né le 11 novembre 1906, à Bort-les-Orgues. 1,70 m, brun.
Il était le fils d’un couvreur et avait fait son apprentissage de mécanicien-ajusteur. Il avait accompli un an de services militaires au 92e régiment d’infanterie, à Clermont, puis avait été mobilisé au 326< régiment d’infanterie, dans l’Est. Rappelé comme spécialiste, en février 1940, il fut requis à la M.A. de Brive, puis appelé à Tulle, en octobre 1943. Marié, trois enfants (16, 14 et 3 ans), il habitait, 3, côte de Poissac.
Le 8 juin au soir, il se rendit 33, rue du Docteur-Valette, voir son ami Beaufils, compatriote par son mariage. Tous deux furent pris en même temps.
À 6 heures, il était dans son lit. Les Allemands sont venus, très pressés. Il a été bousculé pour qu’il se prépare plus vite. Sa femme lui a lancé par la fenêtre ses papiers, son portefeuille.